ADAM ÉTAIT-IL LE PREMIER HOMME SUR TERRE ?
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ADAM ÉTAIT-IL LE PREMIER HOMME SUR TERRE ?
par Rinoa Heartilly Sam 17 Aoû - 23:34
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Un des principaux problèmes de notre époque est que, plusieurs franges de l'humanité sont en conflit. Ces conflits prennent plusieurs formes. Parfois les conflits sont armés et donc l'objet de guerres. Mais en analysant bien la situation, nous nous rendons compte que de nombreux conflits sont d'ordre idéologiques et ne se manifestent pas forcément par des guerres. Un des conflits qui a bouleversé la stabilité du monde contemporain est celui qui oppose le monde scientifique dans son ensemble et le monde religieux, notamment les adeptes des trois principales religions monothéistes.
L'une des causes de cette opposition est l'existence de dogmes religieux que les adeptes des trois religions ont adopté à travers les âges. Jusqu'à présent, ces dogmes étaient acceptés et adoptés par la majorité de la population car ils allaient de pair avec la vision limitée que l'humanité avait du monde, notamment au cours du moyen-âge. Mais cette vision du monde devait ne pas rester figée puisque les trois derniers siècles ont connu une explosion des connaissances scientifiques nouvelles qui sont venues bouleverser la réalité même de tous ces dogmes religieux et ont démontré que de nombreuses conceptions du monde tenaient davantage de la superstition et d'une vision fantasmagorique de la création que de la réalité.
Face à ce bouleversement, certains croyants ont accepté de remettre en question leur vision du monde, mais d'autres ont choisi de s'obstiner et d'adhérer coûte que coûte aux croyances religieuses dogmatiques, quitte à créer une fracture avec l'évolution du monde impulsé par les nouvelles découvertes scientifiques. Et à côté de ça, de nombreux scientifiques sont tombés dans un autre extrême qui consiste à nier toute forme de spiritualité et à n'expliquer le monde que par les causes purement matérielles.
D'après mes recherches, Bahá'u'lláh, un maître de sagesse, était un Instructeur mandaté par Dieu pour apporter les réponses à ce conflit apparemment sans issue. C'est dans le but de permettre à l'humanité de bâtir une unité harmonieuse que Dieu envoya Bahá'u'lláh. Mais ce postulat doit être constaté par des faits indiscutables, sinon ce ne serait là qu'une prétention sectaire de plus parmi celles que l'humanité a déjà connu. La preuve d'une telle revendication tient à mon sens à deux éléments permettant de juger ou non de sa véracité. Le premier élément est de voir si oui ou non, cet Instructeur a su cerner les réelles problématiques de l'humanité. Le second élément est de déterminer s'il apporte des solutions logiques, compréhensibles et applicables à ces problèmes pour donner au genre humain une chance de les résoudre. En étudiant bien les écrits bahá'is, nous nous rendons compte que ce problème était déjà pressenti et bien identifié. La littérature bahá'ie abonde de textes traitant cette épineuse question.
« La religion et la science sont les deux ailes qui permettent à l'intelligence de l'homme de s'élever vers les hauteurs, et à l'âme humaine de progresser. Il n'est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu'un essayait de voler avec l'aile de la religion seulement, il tomberait bientôt dans le marécage de la superstition, tandis que, d'autre part, avec l'aile de la science seulement, il ne ferait aucun progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme. Toutes les religions du temps présent sont tombées dans les pratiques superstitieuses qui ne sont en accord ni avec les vrais principes de l'enseignement qu'elles représentent, ni avec les découvertes scientifiques d'aujourd'hui. »
(Abdu'l-Bahá, Causeries d'Abdu'l-Bahá a Paris)
Parmi ces dogmes en vogue dans le monde religieux, il y a celui de la création d'Adam et du créationnisme en général. Celui-ci stipule qu'Adam fut le premier homme qui fut créé ex-nihilo il y a plusieurs milliers d'années cela, date avant laquelle l'humanité n'existait pas. Il va de soit qu'une telle croyance fait bondir la communauté scientifique qui a déterminé que le premier hominidé existait à une date bien antérieure et qu'elle rejette le récit de la création adamique tel qu'il est compris par les partisans de ce dogme. Mais qu'en est-il réellement ? C'est ce que je vous propose de tenter de résoudre dans cette présente étude à la lumière des écrits bahá'is, mais aussi du bon sens...
Alors, Adam était-il le premier être humain créé par Dieu ? Non, dit la science. Mais qu'en disent les Livres sacrés ? De prime abord, le Livre de la Genèse confirme qu'Adam et Ève furent les premiers êtres de l'humanité.
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
Puisque Ève est désignée par la Bible comme étant « la mère de tous les vivants » cela signifierait donc qu'elle fut la première femme de l'humanité...
Pourtant, en l'examinant minutieusement, une petite subtilité se dévoile dans le texte biblique qui pourrait bien faire basculer notre vision du récit de la Genèse... La voici :
« Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 13 à 15)
Resituons le contexte de cet extrait... Si Adam et Ève furent les premiers hommes sur terre, la Bible nous enseigne que Caïn et Abel furent les deux premiers enfants qu'Adam et Ève conçurent.
« Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit : J'ai formé un homme avec l'aide de l'Éternel. Elle enfanta encore son frère Abel. Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 1 et 2)
Quand ils grandirent, Caïn devint jaloux d'Abel et commença à nourrir de l'envie et de la jalousie à son égard. La Bible nous décrit ce qui suscita la jalousie dans le coeur de Caïn.
« Au bout de quelque temps, Caïn fit à l'Éternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 3 à 5)
Plutôt que d'essayer de comprendre la sagesse de cet événement pour en tirer un enseignement, Caïn décida de laisser libre court à son ressentiment et s'en alla tuer son frère Abel...
« Et l'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 6 à 8 )
Jusqu'à ce moment précis, la Bible ne mentionne à aucun moment qu'Adam et Ève eurent d'autres enfants, ce qui signifie que dans la perspective dogmatique de ceux qui considèrent Adam comme le premier homme jamais créé, il ne restait sur terre, à ce moment précis, que trois êtres humains : Adam, Ève et Caïn.
Pour punir Caïn, l'« Éternel » décida de son exil.
« Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, verset 12)
Lorsque la sentence divine fut énoncée contre lui, Caïn prit peur et il émit une objection très intéressante. La voici :
« Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. Puis, Caïn s'éloigna de la face de l'Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Éden. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 13 à 16)
L'objection de Caïn pose un problème d'envergure à ceux dont la croyance est qu'Adam et Ève furent les deux premiers êtres humains sur terre. En effet, pour quelle raison Caïn craint-il que d'autres hommes attentent à sa vie si la terre était entièrement dépeuplée d'être humains ? Cette réflexion de Caïn démontre sans l'ombre d'un doute qu'à son époque, l'humanité existait déjà. Et cette remarque de Caïn est corroborée par la promesse que l'« Éternel » lui fait...
« L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, verset 16)
Ces versets démontrent sans l'ombre d'un doute qu'Adam, Ève et Caïn ne furent pas les premiers êtres de la création. Pourtant, au début de mon exposé, j'ai cité un verset de la Genèse qui laisserait à penser qu'Adam et Ève furent les parents de tous les « êtres vivants »...
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
On peut de suite exclure une interprétation littéraliste du terme « mère de tous les vivants » étant donné que, comme nous venons de le voir, d'autres êtres humains existaient sur terre qui ne descendaient ni d'Adam, ni d'Ève. Il faut donc exclure cette approche littérale... Le Livre de la Genèse, à l'instar des autres Livres sacrés, est un Livre essentiellement mystique, traitant - entre autre - de sujets mystiques avec un langage mystique. À ce titre, on est en droit de penser qu'il existe une multitude d'interprétations pour nombre de ses versets, et notamment des interprétations ésotériques qui n'ont rien à voir avec l'interprétation littérale. La plupart du temps, ces interprétations littéralistes sont d'ailleurs erronées.
« Tu sais, toi-même, combien sont erronés la plupart des commentaires et interprétations des paroles de Dieu ayant maintenant cours parmi les hommes. Leur inexactitude a été parfois pleinement démasquée, notamment dans le cas où, les voiles ayant été déchirés qui séparaient leurs auteurs de la vérité, ceux-ci ont publiquement reconnu qu'ils n'avaient point saisi la signification d'une seule parole de Dieu. »
(Bahá'u'lláh, « Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh »)
Les versets sacrés sont d'une telle richesse qu'il est compliqué de les consigner à une seule interprétation figée, encore moins à une interprétation littéraliste.
« Sache, à n'en point douter que, de même que tu crois que la parole de Dieu (exaltée soit sa gloire) dure éternellement, de même tu dois croire, et d'une foi aussi ferme, que la signification de cette parole ne saurait jamais être épuisée. Ceux, toutefois, qui en sont les interprètes officiels, ceux dont le coeur est dépositaire de ses secrets, sont seuls à en pouvoir comprendre toute la sagesse. »
(Bahá'u'lláh, « Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh »)
C'est ici même que se situe toute notre problématique... De tout temps, certains hommes, notamment ceux parmi les « savants » et les « gardiens des traditions » ont eu tendance à interpréter littéralement ou selon leurs passions les paroles divines dont la signification était essentiellement ésotérique et la sagesse insondable... Hormis les Lois sociales et quelques enseignements, de nombreux versets divins ne sont pas à prendre au pied de la lettre et leur signification est dévoilée au fur et à mesure que de nouveaux messagers se succèdent.
« Toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera. »
(Livre de Daniel, Chapitre 12, verset 4)
Revenons donc au verset suivant :
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
Puisque l'interprétation littérale est à exclure, comme nous l'avons vu, je vais tenter de vous proposer une interprétation alternative à ce verset. Les écrits sacrés bahá'is nous apprennent que lorsqu'ils sont employés dans les textes saints, les termes de « vie » et « mort » ont un sens caché... Voici donc une des pistes qui nous permettrait d'envisager une autre approche au récit de la Genèse.
« Tu n'ignores pas que, si les Livres anciens parlent de puissance, de richesse, de vie, de mort, de résurrection, ce n'est pas dans le sens qu'on donne communément à ces mots aujourd'hui. [...] Et à chaque âge, les Prophètes de Dieu n'ont eu d'autre but que d'affirmer la signification spirituelle des mots : « Vie », « Résurrection » et « Jugement ». Mais si vous buvez quelques gouttes de l'eau claire de la connaissance divine, vous saurez que la vraie vie est celle de l'esprit, non celle du corps. Car la vie de la chair est commune aux hommes et aux animaux, et seuls vivent véritablement les possesseurs d'un coeur éclairé qui boivent à la mer de la foi et cueillent les fruits de la certitude. »
(Bahá'u'lláh, « Livre de la certitude »)
Ève pourrait donc être la mère des « Vivants » sur le plan spirituel, c'est-à-dire que de sa descendance surgira une lignée d'élus ainsi que tous ceux qui auront une mission particulière pour l'humanité et qui constitueront un phare lumineux pour le genre humain. C'est de la descendance d'Ève que sont apparus Noé, Abraham, Moïse et tous les autres grands messagers divins qui ont guidé l'humanité à travers les âges. Il s'agit là d'une piste d'interprétation, mais il pourrait bien y en avoir d'autres...
D'après les enseignements bahá'is, Adam et Ève ne sont pas les premiers êtres humains mais plutôt les pionniers d'une nouvelle ère que l'humanité était destinée à expérimenter.
« Le cycle adamique, inauguré il y a six mille ans, par la manifestation de Dieu appelé Adam, est seulement l'un des nombreux cycles du passé. »
(Extrait d'une lettre écrite au nom de la Maison Universelle de Justice à un croyant datée du 13 mars 1986)
Adam fut donc une manifestation de Dieu, c'est-à-dire un grand messager de Dieu envoyé pour faire progresser ses contemporains. Et à ce titre, ceux qui l'ont suivi parmi les hommes peuvent être qualifiés de vivants, a contrario de ceux qui se sont détournés de lui qui sont considérés comme « morts »...
Le terme de « Mère des vivants » n'a pas seulement été employé vis-à-vis d'Ève. Après elle, le terme de « Mère » a été employé pour désigner Marie, la mère de Jésus.
« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »
(Évangile selon Jean, Chapitre 19, versets 25 à 27)
De même, le terme de « Mère » a servi à désigner les épouses du prophète Mouhammad qui furent nommées « mères des croyants »...
« Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères. Les liens de consanguinité ont [dans les successions] la priorité [sur les liens] unissant les croyants [de Médine] et les émigrés [de la Mecque] selon le livre d’Allah, à moins que vous ne fassiez un testament convenable en faveur de vos frères en religion. Et cela est inscrit dans le Livre. »
(Coran, Sourate 33, verset 6)
C'est à ce même titre qu'on pourrait comprendre le terme de « mère des vivants » par lequel la Bible désigne Ève. Ce qualificatif pourrait être synonyme du titre de « mère des croyants » que les écrits sacrés appliquent à Marie et aux épouses du prophète Mouhammad. Il est possible et même probable que d'autres interprétations tout aussi valables soient adaptés pour appréhender l'histoire de la Genèse.
L'une des causes de cette opposition est l'existence de dogmes religieux que les adeptes des trois religions ont adopté à travers les âges. Jusqu'à présent, ces dogmes étaient acceptés et adoptés par la majorité de la population car ils allaient de pair avec la vision limitée que l'humanité avait du monde, notamment au cours du moyen-âge. Mais cette vision du monde devait ne pas rester figée puisque les trois derniers siècles ont connu une explosion des connaissances scientifiques nouvelles qui sont venues bouleverser la réalité même de tous ces dogmes religieux et ont démontré que de nombreuses conceptions du monde tenaient davantage de la superstition et d'une vision fantasmagorique de la création que de la réalité.
Face à ce bouleversement, certains croyants ont accepté de remettre en question leur vision du monde, mais d'autres ont choisi de s'obstiner et d'adhérer coûte que coûte aux croyances religieuses dogmatiques, quitte à créer une fracture avec l'évolution du monde impulsé par les nouvelles découvertes scientifiques. Et à côté de ça, de nombreux scientifiques sont tombés dans un autre extrême qui consiste à nier toute forme de spiritualité et à n'expliquer le monde que par les causes purement matérielles.
D'après mes recherches, Bahá'u'lláh, un maître de sagesse, était un Instructeur mandaté par Dieu pour apporter les réponses à ce conflit apparemment sans issue. C'est dans le but de permettre à l'humanité de bâtir une unité harmonieuse que Dieu envoya Bahá'u'lláh. Mais ce postulat doit être constaté par des faits indiscutables, sinon ce ne serait là qu'une prétention sectaire de plus parmi celles que l'humanité a déjà connu. La preuve d'une telle revendication tient à mon sens à deux éléments permettant de juger ou non de sa véracité. Le premier élément est de voir si oui ou non, cet Instructeur a su cerner les réelles problématiques de l'humanité. Le second élément est de déterminer s'il apporte des solutions logiques, compréhensibles et applicables à ces problèmes pour donner au genre humain une chance de les résoudre. En étudiant bien les écrits bahá'is, nous nous rendons compte que ce problème était déjà pressenti et bien identifié. La littérature bahá'ie abonde de textes traitant cette épineuse question.
« La religion et la science sont les deux ailes qui permettent à l'intelligence de l'homme de s'élever vers les hauteurs, et à l'âme humaine de progresser. Il n'est pas possible de voler avec une aile seulement. Si quelqu'un essayait de voler avec l'aile de la religion seulement, il tomberait bientôt dans le marécage de la superstition, tandis que, d'autre part, avec l'aile de la science seulement, il ne ferait aucun progrès mais sombrerait dans la fondrière désespérante du matérialisme. Toutes les religions du temps présent sont tombées dans les pratiques superstitieuses qui ne sont en accord ni avec les vrais principes de l'enseignement qu'elles représentent, ni avec les découvertes scientifiques d'aujourd'hui. »
(Abdu'l-Bahá, Causeries d'Abdu'l-Bahá a Paris)
Parmi ces dogmes en vogue dans le monde religieux, il y a celui de la création d'Adam et du créationnisme en général. Celui-ci stipule qu'Adam fut le premier homme qui fut créé ex-nihilo il y a plusieurs milliers d'années cela, date avant laquelle l'humanité n'existait pas. Il va de soit qu'une telle croyance fait bondir la communauté scientifique qui a déterminé que le premier hominidé existait à une date bien antérieure et qu'elle rejette le récit de la création adamique tel qu'il est compris par les partisans de ce dogme. Mais qu'en est-il réellement ? C'est ce que je vous propose de tenter de résoudre dans cette présente étude à la lumière des écrits bahá'is, mais aussi du bon sens...
Alors, Adam était-il le premier être humain créé par Dieu ? Non, dit la science. Mais qu'en disent les Livres sacrés ? De prime abord, le Livre de la Genèse confirme qu'Adam et Ève furent les premiers êtres de l'humanité.
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
Puisque Ève est désignée par la Bible comme étant « la mère de tous les vivants » cela signifierait donc qu'elle fut la première femme de l'humanité...
Pourtant, en l'examinant minutieusement, une petite subtilité se dévoile dans le texte biblique qui pourrait bien faire basculer notre vision du récit de la Genèse... La voici :
« Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 13 à 15)
Resituons le contexte de cet extrait... Si Adam et Ève furent les premiers hommes sur terre, la Bible nous enseigne que Caïn et Abel furent les deux premiers enfants qu'Adam et Ève conçurent.
« Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit : J'ai formé un homme avec l'aide de l'Éternel. Elle enfanta encore son frère Abel. Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 1 et 2)
Quand ils grandirent, Caïn devint jaloux d'Abel et commença à nourrir de l'envie et de la jalousie à son égard. La Bible nous décrit ce qui suscita la jalousie dans le coeur de Caïn.
« Au bout de quelque temps, Caïn fit à l'Éternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L'Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 3 à 5)
Plutôt que d'essayer de comprendre la sagesse de cet événement pour en tirer un enseignement, Caïn décida de laisser libre court à son ressentiment et s'en alla tuer son frère Abel...
« Et l'Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 6 à 8 )
Jusqu'à ce moment précis, la Bible ne mentionne à aucun moment qu'Adam et Ève eurent d'autres enfants, ce qui signifie que dans la perspective dogmatique de ceux qui considèrent Adam comme le premier homme jamais créé, il ne restait sur terre, à ce moment précis, que trois êtres humains : Adam, Ève et Caïn.
Pour punir Caïn, l'« Éternel » décida de son exil.
« Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, verset 12)
Lorsque la sentence divine fut énoncée contre lui, Caïn prit peur et il émit une objection très intéressante. La voici :
« Caïn dit à l'Éternel : Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Voici, tu me chasses aujourd'hui de cette terre ; je serai caché loin de ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. Puis, Caïn s'éloigna de la face de l'Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Éden. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, versets 13 à 16)
L'objection de Caïn pose un problème d'envergure à ceux dont la croyance est qu'Adam et Ève furent les deux premiers êtres humains sur terre. En effet, pour quelle raison Caïn craint-il que d'autres hommes attentent à sa vie si la terre était entièrement dépeuplée d'être humains ? Cette réflexion de Caïn démontre sans l'ombre d'un doute qu'à son époque, l'humanité existait déjà. Et cette remarque de Caïn est corroborée par la promesse que l'« Éternel » lui fait...
« L'Éternel lui dit : Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l'Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 4, verset 16)
Ces versets démontrent sans l'ombre d'un doute qu'Adam, Ève et Caïn ne furent pas les premiers êtres de la création. Pourtant, au début de mon exposé, j'ai cité un verset de la Genèse qui laisserait à penser qu'Adam et Ève furent les parents de tous les « êtres vivants »...
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
On peut de suite exclure une interprétation littéraliste du terme « mère de tous les vivants » étant donné que, comme nous venons de le voir, d'autres êtres humains existaient sur terre qui ne descendaient ni d'Adam, ni d'Ève. Il faut donc exclure cette approche littérale... Le Livre de la Genèse, à l'instar des autres Livres sacrés, est un Livre essentiellement mystique, traitant - entre autre - de sujets mystiques avec un langage mystique. À ce titre, on est en droit de penser qu'il existe une multitude d'interprétations pour nombre de ses versets, et notamment des interprétations ésotériques qui n'ont rien à voir avec l'interprétation littérale. La plupart du temps, ces interprétations littéralistes sont d'ailleurs erronées.
« Tu sais, toi-même, combien sont erronés la plupart des commentaires et interprétations des paroles de Dieu ayant maintenant cours parmi les hommes. Leur inexactitude a été parfois pleinement démasquée, notamment dans le cas où, les voiles ayant été déchirés qui séparaient leurs auteurs de la vérité, ceux-ci ont publiquement reconnu qu'ils n'avaient point saisi la signification d'une seule parole de Dieu. »
(Bahá'u'lláh, « Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh »)
Les versets sacrés sont d'une telle richesse qu'il est compliqué de les consigner à une seule interprétation figée, encore moins à une interprétation littéraliste.
« Sache, à n'en point douter que, de même que tu crois que la parole de Dieu (exaltée soit sa gloire) dure éternellement, de même tu dois croire, et d'une foi aussi ferme, que la signification de cette parole ne saurait jamais être épuisée. Ceux, toutefois, qui en sont les interprètes officiels, ceux dont le coeur est dépositaire de ses secrets, sont seuls à en pouvoir comprendre toute la sagesse. »
(Bahá'u'lláh, « Extraits des Écrits de Bahá'u'lláh »)
C'est ici même que se situe toute notre problématique... De tout temps, certains hommes, notamment ceux parmi les « savants » et les « gardiens des traditions » ont eu tendance à interpréter littéralement ou selon leurs passions les paroles divines dont la signification était essentiellement ésotérique et la sagesse insondable... Hormis les Lois sociales et quelques enseignements, de nombreux versets divins ne sont pas à prendre au pied de la lettre et leur signification est dévoilée au fur et à mesure que de nouveaux messagers se succèdent.
« Toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera. »
(Livre de Daniel, Chapitre 12, verset 4)
Revenons donc au verset suivant :
« Adam donna à sa femme le nom d'Ève : car elle a été la mère de tous les vivants. »
(Livre de la Genèse, Chapitre 3, verset 20)
Puisque l'interprétation littérale est à exclure, comme nous l'avons vu, je vais tenter de vous proposer une interprétation alternative à ce verset. Les écrits sacrés bahá'is nous apprennent que lorsqu'ils sont employés dans les textes saints, les termes de « vie » et « mort » ont un sens caché... Voici donc une des pistes qui nous permettrait d'envisager une autre approche au récit de la Genèse.
« Tu n'ignores pas que, si les Livres anciens parlent de puissance, de richesse, de vie, de mort, de résurrection, ce n'est pas dans le sens qu'on donne communément à ces mots aujourd'hui. [...] Et à chaque âge, les Prophètes de Dieu n'ont eu d'autre but que d'affirmer la signification spirituelle des mots : « Vie », « Résurrection » et « Jugement ». Mais si vous buvez quelques gouttes de l'eau claire de la connaissance divine, vous saurez que la vraie vie est celle de l'esprit, non celle du corps. Car la vie de la chair est commune aux hommes et aux animaux, et seuls vivent véritablement les possesseurs d'un coeur éclairé qui boivent à la mer de la foi et cueillent les fruits de la certitude. »
(Bahá'u'lláh, « Livre de la certitude »)
Ève pourrait donc être la mère des « Vivants » sur le plan spirituel, c'est-à-dire que de sa descendance surgira une lignée d'élus ainsi que tous ceux qui auront une mission particulière pour l'humanité et qui constitueront un phare lumineux pour le genre humain. C'est de la descendance d'Ève que sont apparus Noé, Abraham, Moïse et tous les autres grands messagers divins qui ont guidé l'humanité à travers les âges. Il s'agit là d'une piste d'interprétation, mais il pourrait bien y en avoir d'autres...
D'après les enseignements bahá'is, Adam et Ève ne sont pas les premiers êtres humains mais plutôt les pionniers d'une nouvelle ère que l'humanité était destinée à expérimenter.
« Le cycle adamique, inauguré il y a six mille ans, par la manifestation de Dieu appelé Adam, est seulement l'un des nombreux cycles du passé. »
(Extrait d'une lettre écrite au nom de la Maison Universelle de Justice à un croyant datée du 13 mars 1986)
Adam fut donc une manifestation de Dieu, c'est-à-dire un grand messager de Dieu envoyé pour faire progresser ses contemporains. Et à ce titre, ceux qui l'ont suivi parmi les hommes peuvent être qualifiés de vivants, a contrario de ceux qui se sont détournés de lui qui sont considérés comme « morts »...
Le terme de « Mère des vivants » n'a pas seulement été employé vis-à-vis d'Ève. Après elle, le terme de « Mère » a été employé pour désigner Marie, la mère de Jésus.
« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus, voyant sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »
(Évangile selon Jean, Chapitre 19, versets 25 à 27)
De même, le terme de « Mère » a servi à désigner les épouses du prophète Mouhammad qui furent nommées « mères des croyants »...
« Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs mères. Les liens de consanguinité ont [dans les successions] la priorité [sur les liens] unissant les croyants [de Médine] et les émigrés [de la Mecque] selon le livre d’Allah, à moins que vous ne fassiez un testament convenable en faveur de vos frères en religion. Et cela est inscrit dans le Livre. »
(Coran, Sourate 33, verset 6)
C'est à ce même titre qu'on pourrait comprendre le terme de « mère des vivants » par lequel la Bible désigne Ève. Ce qualificatif pourrait être synonyme du titre de « mère des croyants » que les écrits sacrés appliquent à Marie et aux épouses du prophète Mouhammad. Il est possible et même probable que d'autres interprétations tout aussi valables soient adaptés pour appréhender l'histoire de la Genèse.
Rinoa Heartilly- Admin
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