EST-CE QU'UNE FEMME A DÉJÀ ÉTÉ MANIFESTATION DE DIEU ?

par **Rinoa Heartilly** Dim 16 Fév - 10:23

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Récemment, en parcourant les réseaux sociaux, je suis tombé sur la question d'une personne qui demandait s'il y avait déjà eu dans l'histoire une manifestation divine qui était une femme et si non quelle en était la raison. Je me suis donc proposé pour tenter de répondre à cette question forte intéressante.

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A - Qu'est-ce qu'une manifestation de Dieu ?
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Pour répondre à cette question le plus pertinemment possible, il convient déjà de définir les termes clés qui la compose. Qu'est-ce qu'une « Manifestation de Dieu ? »

Bahá'u'lláh est longuement revenu sur ce concept dans le Livre de la Certitude - livre que je suis entrain d'analyser dans un autre article en cours de rédaction -. Il nous enseigne qu'en définitive, tout dans la création est une manifestation de Dieu. Chaque pierre, chaque animal, chaque être humain peut être considéré comme telle.

« S'ils affirmaient que la « Révélation » de Dieu signifie une « Révélation universelle », il est clair qu'une telle révélation existe en toutes choses créées, en ce sens, comme nous l'avons démontré, que toute chose reçoit et révèle les splendeurs du Roi de réalité et que les signes de la révélation de ce soleil, qui est la source de toute splendeur, existent et se manifestent dans le miroir des êtres. Oui, si guidé par un discernement divin, l'homme contemplait toutes choses, il reconnaîtrait aisément que rien n'existe qui ne révèle la splendeur de Dieu, le Roi suprême. »
(Bahá'u'lláh, « Livre de la Certitude »)

Mais l'intensité de la manifestation divine va crescendo au fur et à mesure qu'elle se manifeste dans les règnes supérieurs. C'est ainsi que la manifestation divine est plus complète chez l'homme que chez l'animal. Bahá'u'lláh nous informe que la divinité a élu la race humaine pour qu'elle soit le summum de sa manifestation pour la création entière.

« Entre toutes choses créées, Il a élu pour objet de sa faveur spéciale le joyau de l'essentielle réalité de l'homme, en investissant celui-ci de la capacité unique, exclusive, de le connaître et de refléter la grandeur de sa gloire. »
(Bahá'u'lláh, « Extraits des écrits de Bahá'u'lláh »)

De même, dans le règne humain, il existe des degrés de « proximité » des hommes avec la divinité en fonction de leur degré de spiritualité et de conscience jusqu'à ce que l'homme atteint un niveau lui permettant de communier et de communiquer avec Dieu. Cet état est communément appelé « Manifestation de Dieu » dans les écrits bahá'is.

« Cette manifestation est réservée aux Prophètes et aux élus de Dieu, car il n'y a rien de plus grand qu'eux dans le monde, ainsi que chacun le reconnaît; ils sont les dépositaires des noms et attributs divins dont ils sont l'expression sensible; ils sont les miroirs parfaits qui réfléchissent avec fidélité la lumière divine. »
(Bahá'u'lláh, « Livre de la Certitude »)

Pour faire bref, parmi les Manifestations de Dieu, il y a plusieurs rangs qui prédéfinissent la portée de leurs missions respectives. J'en retiendrai trop : celui de Prophète de Dieu, celui de Messager de Dieu et celui de Manifestation universelle de Dieu.

« Parmi ces messagers, Nous avons favorisé certains par rapport à d'autres. Il en est à qui Allah a parlé; et Il en a élevé d'autres en grade. A 'Isa (Jésus) fils de Maryam (Marie) Nous avons apporté les preuves, et l'avons fortifié par le Saint-Esprit. »
(Coran, Sourate 2, verset 253)

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B - Y a-t-il déjà eu une manifestation divine féminine ?
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Nous le savons maintenant, les manifestations divines existent depuis aussi longtemps que l'humanité elle-même existe.

« Le processus de sa création n'a pas eu de commencement et ne peut avoir de fin, autrement elle nécessiterait la cessation de sa grâce céleste. Dieu a élevé des prophètes et révélé des Livres aussi nombreux que les créatures du monde, et Il continuera à le faire jusqu'à la fin des temps. »
(« Sélection des écrits du Báb »)

Il est donc évident que des centaines de milliers de manifestations divines - peut être plus - sont apparus depuis la nuit des temps. Il serait donc surprenant, à moins d'une Loi divine voulue, que parmi toutes ces manifestations, aucune n'aurait été une femme. S'il est impossible de connaître l'identité exacte de toutes les manifestations divines tant il y en a eu, les annales de l'histoire religieuse regorgent d'informations précieuses qui permettront peut-être de répondre à cette question.

Par le passé, bien des femmes se sont démarquées du reste de la création par leur bonté envers leurs semblables et leur dévotion envers Dieu. Les sources islamiques sont notamment riches en informations à ce sujet.

Le prophète Mouhammad a dit ceci : « Beaucoup d'hommes ont atteint la perfection, mais il n'y a que trois femmes qui ont atteint la perfection : Maryam la fille d'Imraane, Assia la femme de Pharaon et Khadijah la fille de Khouwaïlid. »
(Rapporté par Ibn Mardawaï)

Le Coran contient de nombreux récits contant l'exemple de femmes illustres tels que celui de Marie, d'Assia ou de la Reine Saba face à Salomon. Mais l'Islam va-t-il jusqu'à considérer que certaines de ces femmes aient pu être des manifestations divines ? Je vous propose quelques éléments de réponse que j'ai pu trouver...

En parcourant - sommairement - les sources islamiques, j'ai constaté que celles-ci ne répertorient aucune femme ayant été « Manifestation de Dieu », c'est-à-dire ayant atteint le rang de « Messagère de Dieu » (« Rassoul Allah »). Pour autant, cela ne signifie pas, contrairement à ce que comprennent certains, qu'il n'y en ait jamais eu...

« Et il y a des messagers dont Nous t'avons raconté l'histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t'avons point raconté l'histoire - »
(Coran, Sourate 4, verset 164)

Les sources islamiques reconnaissent donc bien volontiers qu'elles ignorent l'existence même de nombreuses manifestations divines, parmi lesquelles il y a peut-être des femmes. Il n'existe, à ma connaissance, aucun texte islamique qui affirme qu'il est impossible pour une femme d'être messagère de Dieu.

Quant au statut de prophète « mineur », certaines sources au sein de l'islam mentionnent l'existence de certaines femmes qui furent « prophétesses de Dieu »... Voici l'extrait d'une étude de l'érudit réunionnais Ahmad Anas Lala sur ce sujet :

« Par contre, un autre sens, plus général, du terme « prophète » (« nabî ») existe également : il s’agit de « l’être humain qui a reçu un message provenant de façon certaine de Dieu, message contenant un impératif – quelque chose à faire ou à ne pas faire – ou une information relative à un fait devant se passer.

Si on appréhende, comme l’ont fait des ulémas [des savants ndlr] tels que al-Qurtubî et Ibn Hazm, le terme « prophète » dans ce sens plus général, alors on comprend que ces deux ulémas disent qu’il y a eu des femmes prophètes.

Ainsi, d’après al-Qurtubî : Eve, la Mère de Moïse, Assia la femme du Pharaon, et Marie la mère de Jésus ont été des prophétesses (« nabiyyâ »). Ibn Hazm rajoute à ces quatre femmes : Sarah et Agar, respectivement épouse et esclave de Abraham.
(Lire Fat’h ul-bârî, tome 6 p. 577 et p. 544. Lire également Qassas ul-qur’ân, as-Syohârwî, tome 4 p. 33). »
(Source : https://www.maison-islam.com/articles/?p=192)

Ainsi donc, nous comprenons que des sommités parmi les savants musulmans reconnaissent que plusieurs femmes ont accédé au statut de prophétesse de Dieu au cours de l'histoire.

Cette information est pertinente puisqu'elle est corroborée par d'autres sources scripturaires. En effet, la Bible mentionne plusieurs femmes à qui elle donne le titre de « prophétesse ». Ce fut le cas de la soeur de Moïse et d'Aaron :

« Marie, la prophétesse, soeur d'Aaron, prit à la main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins et en dansant. »
(Livre de l'Exode, Chapitre 15, verset 20)

Mais aussi :

« Dans ce temps-là, Débora, prophétesse, femme de Lappidoth, était juge en Israël. »
(Livre des Juges, Chapitre 4, verset 4)

ou :

« Le sacrificateur Hilkija, Achikam, Acbor, Schaphan et Asaja, allèrent auprès de la prophétesse Hulda, femme de Schallum, fils de Thikva, fils de Harhas, gardien des vêtements. Elle habitait à Jérusalem, dans l'autre quartier de la ville. »
(Deuxième Livre des Rois, Chapitre 22, verset 14)

et :

« Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité. »
(Évangile selon Luc, Chapitre 2, verset 36)

Après avoir effectué quelques recherches dans les sources bahá'ies, je n'ai rien trouvé qui mentionne ou nie l'existence d'une manifestation divine féminine (dans le sens de « messagère de Dieu »)